Magnifique édifice, emblème des bâtiments religieux construits à Marseille. L'abbaye rayonna au cours de plus de 1500 ans d'histoire sur tout le sud de la France, une visite des lieux permet d'en prendre la mesure. Dans l’Antiquité, sur son emplacement, se trouve une carrière dont les blocs sont utilisés pour construire le port. A l’extérieur des remparts, elle abrite très tôt une nécropole, le corps du martyr chrétien Victor y sera déposé (un soldat romain qui refuse le sacrifice aux idoles). Très vite, s’organise un pèlerinage et nombreux sont les habitants souhaitant être inhumés près de Victor. Au Vème siècle, une basilique verra le jour; ce que l’on nomme "les cryptes de St Victor" sont en réalité les vestiges de la basilique et de la carrière. Par endroits, il y a une accumulation de sarcophages (jusqu’à 7 niveaux) dont certains n’ont jamais été ouverts. Au XIème siècle, l’abbé Isarn entreprend la construction de l’église haute et érige une tour qui sera pour les marseillais un point de repère dans le paysage. Aux XIIème et XIIIème siècles, l’abbaye est entièrement reconstruite selon les règles des bâtisseurs romans, elle se superpose à la petite basilique d'origine. Au XIVème siècle, fortifié par Urbain V (pape en Avignon et ancien abbé de St Victor), l’ensemble sera inclus dans le système de défense du port. A la révolution, abandonné, démoli partiellement et dépouillé de ses trésors, brûlés ou vendus, l'édifice devient une prison ou utilisé par l'armée et grâce à ces nouvelles fonctions, il en reste encore une partie aujourd’hui. Restauré au XIXème et XXème siècles, Saint Victor est depuis 1968, après le musée du Louvre et celui de l’Arles Antique, un véritable écrin pour l’art paléochrétien.